Hogwarts, cinquième année.

Peter leva les yeux au ciel avant de pousser un soupir, se laissant tomber sur le canapé. Elle, restée debout, le dévisageait avec insistance, l’air sérieux.

« Ce serait du véritable gaspillage ! Peter, tu as des résultats incroyables à Hogwarts et tu te lancerais dans une carrière moldue ? C’est une idée parfaitement ridicule. »

Le mot moldu, dans sa bouche, sonnait comme une aberration. Le sorcier se remit sur pieds aussi vite qu’il s’était laissé tomber. Les yeux brillants de colère, les poings serrés, il dévisagea son amie à son tour.

« Est-ce que tu t’entends parler ? Merde, Lys’, tu es moldue, toi aussi, j’te rappelle. Je savais dès le départ que ces Serpentards te laveraient le cerveau. C’est quoi, tu es des leurs, maintenant ? Ils se foutent de toi ! Ils t’utilisent parce que tu es douée, mais tu ne seras jamais comme eux. Tu n’es qu’une… sang-de-bourbe, à leurs yeux ! »

Tout en parlant (en fait, il criait presque), il était devenu de plus en plus agité, ne faisant plus attention à la demoiselle qui se tenait en face de lui. Son amie de toujours… Celle qu’il aimait, un peu malgré lui. Il aurait voulu ajouter que lui l’aimait vraiment. Qu’il la respectait. Eux la supportaient seulement à cause de son talent en magie, et encore, ils lui faisaient vivre un véritable enfer ! Il ouvrit la bouche, se tournant à nouveau vers elle, prêt à lui cracher autre chose au visage, mais s’arrêta net; ses yeux se remplissaient de larmes.

Immédiatement, toute la colère qu’il ressentait chuta. Comme il haïssait la voir pleurer ainsi. Habituellement, c’était eux qui la faisaient pleurer, pas lui… Pas moi. Il esquissa un geste pour la réconforter, mais, déjà, elle lui tournait le dos. À cet instant précis, alors qu’elle marchait à grands pas dans le couloir, Peter eut la conviction profonde qu’il devait faire quelque chose. Que, s’il la laissait partir, elle ne reviendrait jamais. Mais il n’était pas un Gryffondor. Il la regarda partir, silencieux.


Hogwarts, sixième année.

« Hey, Lys’, ce ne serait pas ton ami Peter, juste là ? »

Peter leva les yeux alors même que le Serpentard qui avait prononcé ces mots éclatait de rire. William Huxley haussa les sourcils de façon suggestive avant de resserrer son étreinte sur la taille de Lysandra. Le Poufsouffle porta son attention sur elle : elle ne le regardait même pas.

Lui-même se tourna vers Amy, lui adressant un sourire d’excuse, bien déterminé à ignorer Huxley. Le pincement au cœur qu’avait provoqué en lui la vision du bras du Serpentard qu’il exécrait le plus autour de la taille de celle qu’il avait aimée, il n’y avait pas si longtemps, se devait, lui aussi, d’être ignoré en bonne et due forme. Il aimait Amy. Elle était belle, drôle, talentueuse… Et elle le connaissait trop bien.

Celle-ci le prit par la main avant de se mettre debout, entraînant Peter dans son mouvement. Ils se fréquentaient depuis plusieurs mois et, même s’ils n’étaient pas officiellement ensemble, tout Hogwarts s’attendait à ce que ça finisse de cette façon. Ils allaient rentrer au château lorsqu’un bruit sourd retentit à la gauche du sorcier : un sortilège venait de la rater de peu.

Lâchant la main d’Amy, il pivota sur ses pieds, uniquement pour faire face au sourire moqueur de William. Collée à lui, Lysandra n’évitait plus son regard. Elle le regardait, un air fier qu’il s'était habitué à voir peint sur son beau visage. Elle se colla encore davantage à Huxley, sans pourtant le quitter lui des yeux. Lorsque le Serpentard se pencha pour chuchoter quelque chose à son oreille… Lorsqu’elle se mit à rire à ce qui devait être une bonne plaisanterie, Peter perdit le contrôle.


Hogwarts, sixième année.

« Si Luke ne t’avait pas arrêté, tu aurais pu être renvoyé, Peter… »

Amy posa une main sur sa joue. Depuis l’incident avec Huxley, Peter n’était plus le même. Il répondait aux Serpentards sans réfléchir, provoquait quiconque n’était pas d’accord avec lui et n’avait de cesse, lors des repas, d’échanger des regards haineux avec Huxley. Il était devenu impulsif et téméraire… Aussi stupide qu’un Gryffondor.

Tout le monde aimait bien les rouges et ors (enfin… sauf les Serpentards, évidemment), mais tout le monde savait aussi qu’ils étaient parfois très idiots. Que leur soi-disant courage avait parfois plus en commun avec de l’obstination et qu’ils ne passaient souvent pas un mois sans se blesser d’une façon quelconque. Le fait que les lions aient, en quelque sorte, adopté Peter, depuis sa première altercation avec Huxley paraissait donc plutôt négatif à bien des Poufsouffles, dont Amy.

Le sorcier tourna la tête vers elle. Elle avait raison. Il aurait pu être renvoyé. Mais ça aurait valu la peine, s’il avait pu faire fondre le maudit sourire de William Huxley. Il ne supportait plus de le voir avec Lysandra. Soudain, Peter se sentit affreusement coupable. Il ne la méritait pas. Comment pouvait-il penser à Lysandra alors qu’il était avec elle ? Au fond, il ne haïssait pas Huxley pour ce qu’il était, mais plutôt pour avec qui il l’était. L’année tirait à sa fin. Sa septième année à Hogwarts promettait d’être intéressante.